FAIBLESSE DE LA THÉORIE CLASSIQUE
SUR L’ORIGINE DES PHOSPHÈNES
On prétend parfois que les phosphènes sont dus à la destruction du pourpre rétinien pendant l’éclairage, sa reconstruction s’effectuant ensuite en obscurité.
Or, ceci est faux pour une raison très simple : le phosphène passe, nous l’avons vu, par les trois couleurs physiologiquement fondamentales, détectées par les trois variétés de cônes correspondantes, lesquelles n’existent que dans la région centrale de la rétine.
Or, le pourpre rétinien n’est présent que dans les bâtonnets, c’est-à-dire dans la région périphérique de la zone sensible de la rétine.
D’autres expériences sont peu compatibles avec ce genre d’explication des phosphènes.
Ainsi, si l’on fait deux phosphènes superposés avec deux lampes de même force mais l’une dans un réflecteur et non l’autre, de telle sorte que l’un des phosphènes sera large, l’autre étroit, on voit le petit phosphène se rapprocher du gros ; puis un échange a lieu entre les deux, soit comme un éclair qui jaillit du petit vers le gros, soit semblable à une coulée de lave qui s’en écoule. Ensuite, les deux phosphènes s’écartent l’un de l’autre.
De même, le fait que si l’on envoie brusquement le regard latéralement, le phosphène continue quelque peu son mouvement puis revient en place, comme le ferait un corps flottant dans l’humeur vitrée, ce sur quoi nous reviendrons dans le cinquième cours, lors de l’étude de l’étrangeté des mouvements des phosphènes.
Cette expérience, comme bien d’autres, cadre mal avec l’explication des phosphènes par les variations d’état du pourpre rétinien.